Un des défis du travail des géomaticiens est d’intégrer les données CAD à leur SIG. Celles-ci contiennent en effet des données vitales à la bonne gestion de plusieurs organisations. Que ce soit pour des plans d’aqueducs, d’égouts, de chaussée, de bâtiments ou autres, ceux-ci sont généralement réalisés par des ingénieurs (ou techniciens) dans un logiciel de dessin ou de conception produisant des données CAD.
Comme la nature du travail des ingénieurs et des géomaticiens diffère, ils doivent utiliser des logiciels avec des fonctionnalités et formats différents. C’est encore plus vrai aujourd’hui avec l’évolution rapide des fonctionnalités des logiciels, qui accentue le décalage entre les deux professions. Pour être efficace dans son travail, le géomaticien doit donc être critique au travail de l’ingénieur et surtout, comprendre comment lire et utiliser les données de type CAD.
Origine des données CAD
Le dessin assisté par ordinateur (DAO) est une technologie qui a permis l’élaboration de plan en format numérique. En anglais, on parle de « computer aided design » ou CAD. On associe généralement la naissance du CAD avec l’arrivée d’AutoCAD au début des années 1980, bien que la technologie soit en développement depuis les années 1960. L’utilisation du CAD en géomatique remonte essentiellement aux mêmes années que la naissance d’AutoCAD. Depuis ce temps, d’autres logiciels sont apparus dont Microstation avec son format DGN, qui s’avère le concurrent le plus sérieux à la dominance d’AutoCAD et son célèbre format DWG. Aujourd’hui, les logiciels CAD ont beaucoup évolué, incorporant entre autres des objets dynamiques en 3D, tels qu’on en retrouve dans le logiciel AutoCAD Civil 3D.
Composition et limitations des données CAD
Les dessins CAD ont des objectifs différents d’un plan dessiné en géomatique. Dans le premier cas, l’accent est mis sur la précision, les détails de conception et surtout, la clarté de lecture et de compréhension pour les intervenants qui devront le consulter. C’est pourquoi on y trouve également des éléments de contexte (ex. : début d’un bâtiment, une route à proximité, etc.), souvent dessinés de manière incomplète. Pour le plan géomatique, comme l’important est essentiellement sa structuration, les données de contexte s’avèrent alors inutiles.
Pour comprendre un fichier CAD, il est utile de savoir que la plupart possèdent une structure et qu’on retrouve les différents types d’informations dans les couches (layers) du fichier. De la même manière que dans un SIG, celles-ci peuvent être activées ou désactivées afin de contrôler l’affichage des données.
De plus dans un CAD, la précision géométrique et les coordonnées ne sont pas toujours requises. Le résultat est atteint si la forme qu’on cherche à dessiner est claire à l’œil humain. À l’exception des plans de réseaux générés dans Civil 3D, les règles de topologie ne sont pas obligatoires dans un CAD. Ainsi, il est fréquent d’observer des formes s’apparentant à des polygones, mais qui ne sont en réalité que des polylignes mal fermées. Il faut porter une grande attention à ces anomalies géomatiques lorsque l’on entreprend un processus de conversion de données CAD vers des données SIG. De plus, plusieurs éléments géométriques non supportés en géomatique sont supportés dans les dessins CAD tels que les arcs, cercles, hachures, etc.
Finalement, les informations d’identification et de mesure seront généralement indiquées via des zones de texte à proximité des entités ou « rattachées » aux entités via une flèche. Celles-ci peuvent contenir des informations descriptives intéressantes sur les entités qui seront intégrées au SIG.
Comprendre les différences
Ci-bas un tableau sommaire qui présente les différences notables entre les formats CAD et les formats utilisés en géomatique. À sa lecture, on comprend que les avantages de l’un deviennent les désavantages de l’autre.
Plans CAD (DWG, DXF, DGN, etc.) | Plans géomatiques (formats SHP, FGDB, bases de données, etc.) | |
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Objectif | Capacité de créer des dessins détaillés et surtout compréhensible par plusieurs intervenants. L’interaction principale avec le plan sera de le consulter pour réaliser la conception. Il n’est pas conçu pour faire des analyses poussées. |
Capacité de créer une structure permettant de faire des requêtes et des analyses. On cherche à enregistrer de l’information sur des éléments physiques répartis sur le territoire. |
Support des géométries | Multiples géométries supportées : points, lignes, arcs, polygones, hachures, etc. | Trois géométries de base : points, lignes, polygones. La plupart des éléments peuvent être représentés par l’une de ces géométries. |
Support des informations | Se fait par la gestion des couches, la stylisation des éléments (largeur de trait, couleur, etc.) et par les annotations en mode texte. | Chaque entité doit avoir son information rattachée dans une table attributaire. Celle-ci contient une liste de tous les identifiants et autres informations pertinentes sur les entités (ex. : type de matériel, date d’installation, date de mise à jour, etc.). |
Autres particularités | On peut combiner toutes les formes sur la même couche (layer) sans compromettre le dessin. | La table attributaire peut être dans un fichier distinct (ex : SHP et DBF). Dans d’autres cas, comme les bases de données à référence spatiale, la même table de données contient à la fois l’information attributaire et la définition géométrique dans un des champs de la même table. |
Prochaine étape : l’intégration des données CAD vers SIG
En comprenant les objectifs et les logiciels utilisés par les ingénieurs et techniciens, il est plus facile pour un géomaticien de comprendre l’information présente dans les fichiers CAD. L’intégration efficace de ces données vers le SIG est d’une grande importance pour plusieurs organisations et ces données doivent naviguer d’un format à un autre pour des fins de traitement, d’analyse et de diffusion. Dans un prochain article, nous verrons quels sont les bonnes pratiques et outils pour réaliser efficacement les conversions de données CAD vers SIG.
Vous devez convertir des données CAD vers un SIG et n’avez pas le luxe d’attendre notre prochain article?